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Décryptage : la SNANC

Législation
24
Sep
2025
pommes

Le projet de Stratégie nationale sur l’alimentation, la nutrition et le climat a récemment beaucoup fait parler de lui. AgriParis Seine revient sur le parcours de ce texte, les débats qu’il suscite et ses implications pour le développement de l’alimentation durable au niveau local. 

Les origines de la SNANC

En 2019, à la suite du mouvement des gilets jaunes, le Gouvernement organise une Convention Citoyenne pour le Climat. L’objectif : trouver les solutions face aux dérèglements climatiques et à leurs conséquences. Parmi les 5 groupes de travail de la Convention, celui en charge de l’alimentation propose d’établir un lien direct entre santé et climat, deux sujets traités indépendamment jusqu’alors. Adoptée à la suite de la Convention, la loi Climat et Résilience de 2021 demande au Gouvernement de préparer une stratégie sur l’alimentation, la nutrition et le climat d’ici à juillet 2023 : la SNANC. 

Une première version qui se fait attendre

Fait inédit, le texte doit être rédigé conjointement par les ministères chargés de la santé, de l’agriculture et de l’environnement sous la supervision du Premier ministre. La société civile se mobilise dès le début des travaux. De nombreuses ONG et expert·es publient des avis, des tribunes ou des lettres ouvertes, mettant en avant la nécessité d’adopter un texte ambitieux qui réponde aux attentes citoyennes. 

Parmi leurs propositions, on retrouve : 

  • la nécessité d’agir sur les environnements alimentaires (1) plutôt que sur les responsabilités individuelles,
  • la mise en place de mesures contraignantes pour les acteurs et actrices de l’agroalimentaire et du marketing,
  • l’accompagnement des agriculteurs et agricultrices vers des modes de productions durables
  • le développement des produits d’origine végétale pour encourager une diminution de la consommation de viande

Malgré la richesse de la mobilisation collective, la SNANC se fait attendre. Des désaccords entre les ministères se cristallisent autour de la question de la viande et l’instabilité politique de l’année 2024 entrave les travaux autour de la stratégie. 

Les discussions se poursuivent en pointillé. Les mesures visant à limiter la publicité pour les produits ultra transformés font face à une forte opposition de la part des secteurs de l’agroalimentaire et du marketing tandis que les objectifs d’augmentation de la consommation de bio et de réduction de la consommation de viande interrogent une partie du monde agricole.

La consultation publique

Finalement, une première version de la stratégie est publiée pour consultation publique en avril 2025. On y retrouve une cible de 12 % de consommation bio et un objectif non chiffré de réduction de la consommation de viande. Le texte mentionne le déploiement des Plans alimentaires territoriaux (PAT) ainsi que l’importance de l’environnement alimentaire pour orienter la consommation et encourage davantage de transparence de la part des intermédiaires (transformation, distribution, etc.).

Cette publication suscite immédiatement une réponse des acteurs et actrices mobilisé·es sur le sujet. Les organisations spécialisées reconnaissent les avancées de la SNANC mais regrettent son manque d’ambition et de clarté. Les mesures restent peu chiffrées et s’appuient principalement sur des incitations déjà existantes. Les normes contraignantes sur la publicité ainsi que les objectifs chiffrés sur la consommation de viande ont disparu. Si certaines entreprises de la distribution proposent d’aller plus loin sur l’affichage des produits dans une tribune adressée au gouvernement, d’autres structures de l’agro-alimentaire dénoncent une approche trop négative et demandent plus de flexibilité sur l’application des mesures proposées.  

Au total, ce sont près de 3 600 contributions qui sont recueillies lors de cette consultation.

Un texte finalisé… resté sur le bureau d’un premier ministre démissionnaire

Début septembre 2025, les discussions reprennent entre les 3 ministères et permettent d’aboutir à une version finale du texte : la publication officielle est prévue pour le 5 septembre. La SNANC doit toutefois être relue par le cabinet de François Bayrou qui hésite sur la mention de « réduction » de la consommation de viande sur laquelle s’étaient accordés les trois ministères. On y préfère la promotion d’une alimentation « saine et équilibrée ». Au 5 septembre, le texte n’est toujours pas publié

Après la démission du gouvernement Bayrou quelques jours plus tard, c’est Sebastien Lecornu qui devient responsable de l’adoption finale du texte. Le 24 septembre, 116 organisations adressent une lettre ouverte au nouveau Premier ministre et lui demandent de publier une SNANC aux objectifs renforcés.

Une SNANC au service de l’alimentation durable et locale ?

Si les Projets alimentaires territoriaux (PAT) mentionnés dans la SNANC sont essentiels, le texte peut et doit aller plus loin quant à l’implication des organes de gouvernance locale. Les objectifs de la loi EGalim sur la part de bio dans la restauration collective sont un levier non négligeable dans l’atteinte des 12 % de consommation bio envisagés dans le texte : les collectivités ont un rôle majeur à jouer au service de l’alimentation durable

 AgriParis Seine soutient une SNANC déclinable au niveau local incluant des objectifs précis pour le développement de filières locales et durables, en dotant les collectivités de moyens adéquats pour les accompagner.

(1) « Le concept d’environnement alimentaire, compris comme les conditions physiques, économiques, socio-culturelles et cognitives de nos pratiques alimentaires, est un outil pertinent pour analyser les pratiques existantes, ce qui les contraint, et pour penser une stratégie de transition alimentaire. » Environnement, inégalités, santé: quelle stratégie pour les politiques alimentaires françaises ? | IDDRI 

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